Encourager un enfant : pourquoi les compliments sont contre-productifs ?
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Tu te demandes quelle est la meilleure façon d’encourager un enfant ? Et si dire à son enfant : « tu es super », n’était finalement pas si constructif que ça ?

On pense souvent que  complimenter son enfant est un bon moyen de l’encourager. Mais, au fur à mesure de mes lectures et recherches sur la méthode Montessori et la parentalité bienveillante, j’ai commencé à remarquer un point commun dans toutes ces différentes méthodes : les compliments ne sont pas recommandés ! ?

En effet, de récentes études en neurosciences affectives et sociales révèlent que cette pratique serait, au contraire, contre-productive !

Mais si on ne complimente pas son enfant, comment l’encourager ? Pas d’inquiétude ! Dans cet article, nous allons parler de :

  • la différence entre les compliments et les encouragements ;
  • pourquoi les compliments sont contre-productifs ;
  • comment encourager un enfant sans avoir recours aux compliments ou aux récompenses ;
  • quelques exemples d’encouragements ;
  • les 4 attitudes à adopter pour encourager son enfant ;

C’est parti ! ?

Compliment : quel est son impact sur nos enfants ?

Qu’est-ce qui rend les compliments inefficaces ?

« Ton dessin est magnifique, mon amour », « Tu es drôlement gentil » « Super, tu as eu la meilleure note de la classe »

Oui, tu as deviné, ce sont tous des compliments. Mais au-delà de ça, ce sont des mots qui jugent. Certes, ils sont positifs, mais ils mettent une étiquettes sur l’enfant et ses actions accomplies.

Pendant longtemps, on disait aux parents : « Complimentez vos enfants c’est bon pour leur développement ».

Et pourtant, la réalité est toute autre.

Une dépendance affective

Quand l’enfant est habitué à recevoir trop de louanges, il est toujours en attente de savoir ce que pense son entourage, il est dépendant du jugement et du regard des autres.

Il risque alors de devenir un adulte qui aura toujours besoin de l’approbation de son entourage pour agir et sera systématiquement dans une dépendance affective.

Les compliments rendent dépendant du jugement des autres, ils ne conduisent pas à l’autonomie. Ils donnent une motivation et une confiance extrinsèque, c’est-à-dire que la confiance et la motivation ne viennent pas de la personne elle-même, mais de ce qu’attendent et pensent les autres. – Catherine Gueguen, Heureux d’apprendre à l’école.

La peur de ne pas être à la hauteur

Un autre effet négatif des éloges à répétition, c’est que l’enfant peut ressentir la pression, ou l’angoisse de ne pas être à la hauteur.

« Si j’ai une mauvaise note, ils vont moins m’aimer ».

S’il n’atteint pas les résultats escomptés, cette angoisse peut l’amener à mentir, rejeter la faute sur les autres, voire même à dissimuler des choses.

La différence entre le compliment et l’encouragement

La frontière entre le compliment et l’encouragement peut paraître très mince, et pourtant, elle est de taille !

Compliment :

Avec des compliments, on « exprime un jugement favorable » : on met une étiquette sur l’enfant et sur ses actes. Il apprend ainsi à vivre à travers les yeux de l’adulte, qui décide pour lui s’il est gentil, intelligent, s’il a bien fait quelque chose, etc.

Un enfant motivé par le compliment cherche avant tout à faire plaisir à l’autre. Pour se sentir à la hauteur, il a besoin que ses actions passent systématiquement par une approbation. Plus tard, à l’âge adulte, cette obsession risque de l’empêcher de prendre des initiatives.

Encouragement :

Encourager son enfant c’est « insuffler du courage » ; c’est avant tout être le témoin de ses progrès, de ses efforts et ses difficultés. Avec l’encouragement, on ne met pas d’étiquette sur l’enfant ni sur le résultat. Mais on exprime notre intérêt sur ce que fait l’enfant et on l’invite à exprimer ce qu’il ressent.

L’encouragement participe à long terme au développement de la confiance en soi et la motivation interne ; ça protège les enfants d’une trop forte dépendance à l’opinion des autres.

Les apprentissages les plus valables ont lieu lorsque les enfants s’impliquent profondément dans ce qu’ils font, et non lorsqu’ils s’inquiètent du jugement des autres. – Faber et Mazlish

Comment encourager un enfant

Donc, nous avons vu plus haut que les compliments sont contre-productifs.

Mais comment encourager un enfant ?

En fait c’est très simple, pour encourager son enfant, il suffit de lui consacrer du temps, de montrer de l’intérêt à ce qu’il fait.

On peut décrire et souligner ses actes, ses efforts, ses sentiments et ses intérêts sans porter de jugements.

Peur de ne pas savoir si ce que tu dis à ton enfant relève de l’encouragement ou du compliment ?

Jane Nelsen propose, dans son livre, La Discipline Positive, 4 questions à se poser, pour nous guider :

  1. Est-ce que ce que je dis le pousse à s’auto-évaluer, ou au contraire à être dépendant de l’évaluation d’autrui ?
  2. Suis-je respectueux, ou bien condescendant ?
  3. Est-ce que je me place du point de vue de l’enfant, ou seulement du mien ?
  4. Est-ce que je ferais ce commentaire à un ami ?

Voici quelques exemples de ce que nous pouvons dire à nos enfants, en suivant ce guide.

Exemples d’encouragements

1. « Je vois que tu as utilisé l’orange et le bleu dans ton dessin… »

On manifeste de l’intérêt pour les détails de son croquis, on met en valeur ce qu’il a fait. C’est très différent de dire : « ton dessin est génial ».

2. « Tu peux me montrer comment tu as fait cette construction ? »

On initie une conversation sur sa création en l’invitant à partager les connaissances et on souligne positivement son apprentissage.

3. « Tu as fait des efforts qui portent leurs fruits ! », « Que penses-tu de ce que tu as appris ? »

On souligne l’effort et les progrès et on invite l’enfant à s’exprimer, donner son opinion.

4. « Merci pour ton aide, ça m’a aidé à finir le dîner plus vite ! », « J’apprécie ta coopération ! »

Ici, nous lui exprimons de la reconnaissance pour ce qu’il a fait. Par contre, dire : « tu es très gentil de nous avoir aidés » n’a pas le même effet, car on porte un jugement.

5. « Qu’est-ce que tu en penses ? », « Qu’est-ce que tu ressens ? »

On aide les enfants à s’auto-évaluer et se sentir valorisés, sans attendre l’approbation des autres.

4 attitudes à adopter pour encourager son enfant

1. Être connecté : présence, écoute et disponibilité

Encourager peut être aussi simple que prendre un enfant dans ses bras. La présence, l’écoute et la disponibilité sont tous des éléments essentiels pour donner des ailes à son enfant, le réconforter, lui donner envie de faire mieux.

Être connecté de façon encourageante, c’est savoir se mettre à la place de l’enfant, prendre ses sentiments et ses besoins au sérieux même si cela ne correspond pas à notre propre ressenti ; c’est aussi accueillir chacune des émotions sans les déformer.

Voici quelques exemples :
Votre enfant est frustré, il trouve qu’il n’arrive pas à bien jouer au foot.
On aura peut-être envie de dire : « Mais tu joues super bien ! » pour que son enfant se sentent mieux.

Mais cela ne mène pas à grand chose, parce que lui, il est frustré. À la place, on peut le rassurer en lui disant que c’est normal de ne pas toujours se sentir à la hauteur et l’inviter à en discuter.

« Ok, je vois que tu es frustré. On peut tous se sentir comme ça parfois. Tu veux qu’on en parle ? Qu’est ce que tu peux faire pour améliorer ton jeu ? »

Il est triste, il échoue quelque chose, un concours…
Dire « Oh, mon pauvre, je comprends que tu sois déçu… » ne mène pas à grand chose. Par contre, on peut l’écouter sans jugement, s’intéresser à son obstacle et lui proposer de chercher une solution ensemble.

On peut, par exemple, lui demander quels sont selon lui les points forts et les points faibles de sa performance. Cela permet de ne pas se focaliser uniquement sur ses faiblesses et de développer ses qualités. Ensuite, nous pouvons lui demander ce qu’il pourrait faire différemment dans le futur. En l’incitant ainsi à réfléchir par lui-même sur ce qu’il peut faire pour progresser, tu vas l’aider à développer ses aptitudes à trouver des solutions.

2. Soutien efficace – ne pas se focaliser sur la réussite

Pour encourager son enfant, il est plus utile de concentrer notre attention sur le processus d’apprentissage et non sur la « réussite » ou le résultat final.

Tu peux, par exemple, parler de ce que tu as observé et lui poser des questions sur ses ressentis :

« J’ai vu que tu y travaillais dur depuis quelques temps. (Observation) Comment te sens-tu maintenant que tu as terminé ce travail ? » « Est-ce que tu as aimé l’apprendre…. ? », « Quel passage était le plus difficile à apprendre ? »

Face à une situation dans laquelle un enfant rencontre des difficultés, on oublie les propos comme : « Sois fort mon fils, ne pleure pas ! » ou « Je te fais confiance, tu es le meilleur, tu vas y arriver ».

Avec ce type de phrase, nous nous focalisons sur la réussite. L’enfant se sent alors obligé d’être fort, d’y arriver. Cela peut mettre trop de pression et la peur de l’échec peut paralyser l’enfant.

On peut garder en tête que l’important est le processus d’apprentissage. C’est donc plus constructif de lui poser des questions qui pourraient l’aider à dépasser l’obstacle ou résoudre le problème. Ainsi, ça le mènera vers son objectif. Voici ce que tu peux dire :

« On va réfléchir ensemble, comment pourrais-tu faire… », « À quoi correspond cette pièce ? », « Quel est la prochaine étape pour…. ? »

Lorsqu’un enfant se trompe, il est aussi important de ne pas lui mentir et de lui expliquer qu’il est normal de ne pas savoir tout faire du premier coup. Se tromper n’est pas un échec, c’est juste une étape naturelle de l’apprentissage.

Dans les moments difficiles, s’il voit que tu es présent/e, et que tu ne portes aucun jugement, il sait qu’il pourra toujours compter sur ton soutien. ÇA CHANGE TOUT ! Ça lui donnera les ailes pour recommencer son expérience.

3. Ne pas comparer

Que ce soit vis-à-vis des frères et soeurs, mais aussi des petits camarades, il est recommandé de ne pas faire de parallèle. Ça peut sembler insignifiant au premier abord, mais pour l’estime de soi, faire toujours l’objet d’une comparaison est dévastateur pour un enfant en pleine construction psychique.

« Wow, ton frère a réussi à avoir une super note ! Tu devrais essayer de faire comme lui. »

Loin d’encourager ou motiver un enfant à faire mieux, ce type de phrase renvoie une image négative à l’enfant. D’après vous, que ressent-il lorsqu’on lui dit que son frère a réussi quelque chose et pas lui ?

Il pourrait croire qu’il n’est pas aimé, que son frère (soeur, camarade) est plus intelligent, y arrive mieux etc. Il pourrait avoir le sentiment que ses parents l’aimeront seulement s’il réussit.

Et bien entendu, ça n’a jamais été ton intention. Malheureusement, la comparaison éveille un sentiment d’infériorité, de jalousie, mais elle n’encourage pas l’enfant.

4. Pas de récompense ni de punition

Offrir des récompenses à un enfant pour l’encourager ne constitue pas une bonne tactique. Si la bonne conduite ou le travail assidu sont systématiquement récompensés par un cadeau, une sortie, une glace, de l’argent de poche, l’enfant ne trouvera pas de motivation intérieure pour les faire. Cela ne l’encourage pas à développer une vraie aptitude à accomplir quelque chose pour lui-même.

De même, punir un enfant ne l’encourage pas à travailler davantage ou à mieux se comporter. Par exemple, le priver de la sortie du week-end pour qu’il travaille mieux est totalement contre-productif… Loin de lui « apprendre une leçon », la punition le rendra tellement furieux qu’il ne pourra pas se concentrer sur son travail.

Encore une fois, la meilleure façon d’encourager un enfant est de lui témoigner de l’intérêt pour ce qu’il fait. Il est important de ne pas se focaliser sur la notion de réussite et d’échec.

L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante. Il ne peut survivre sans. – Rudolf Dreikurs

Ce que l’on peut retenir : les bienfaits des encouragements

Comme tu l’as vu dans cet article, le compliment rend l’enfant dépendant. A la longue, il peut devenir incapable d’agir sans avoir l’approbation de quelqu’un, ce qui sera un vrai frein dans sa vie d’adulte.

Je peux en être témoin, parce que j’ai reçu beaucoup de compliments étant jeune. Mais une fois adolescente et jeune adulte, je manquais cruellement de confiance en moi et j’avais toujours besoin de l’approbation des autres ! J’ai dû faire un gros travail sur moi pour m’en défaire, et y travaille toujours !

Motiver son enfant, c’est avant tout être présent dans toutes les étapes d’apprentissage : ses progrès, ses efforts et ses difficultés. C’est aussi le guider pour qu’il puisse ressentir et exprimer pleinement ses propres sentiments sur ce qu’il vient d’accomplir.

Face à des encouragements répétés, l’enfant :

  • fait les choses pour lui-même ;
  • a envie de progresser ;
  • ressent une satisfaction intérieure ;
  • apprend à penser par lui-même ;
  • développe son estime de soi et sa confiance en soi ;
  • peut se concentrer sur son activité sans se comparer aux autres ;
  • sera plus épanoui ;

Et toi, quelle est ton expérience avec les compliments ? Quelles sont tes astuces pour encourager tes enfants ?

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